« Those who don’t believe in Chabert, are the same who in seventeen hundred and some peanuts, didn’t believe in WOLGANG A. MOZART » peut-on lire au dos de la pochette de son premier 45T. Même si la reconnaissance du public tarde encore un peu à venir, on ne saurait lui donner tort tant ses quatre 45t sortis confidentiellement sont étonnants.
Son père fut pilote à l’Aéropostale et sa mère, Rose-Marie Capelli, était écrivain, issue d’une famille de littérateurs italiens. La famille réside à Madagascar où Bernard Chabbert apprend à piloter des avions dès l’âge de 15 ans. Il se destine à devenir pilote de ligne mais c’est sans compter sur ses problèmes de vue qui mettront un terme définitif à ses ambitions.
A défaut d’être pilote de ligne, Bernard sera journaliste. C’est à l’occasion d’un stage de formation à l’école de radio l’OCORA (Office de coopération radiophonique) de Maison Laffite qu’il rencontre son professeur Patrice Blanc Francart. Cette rencontre sera déterminante car si dans son coin, Bernard écoute déjà du rock and roll, et bricole au piano quelques morceaux, il est loin de se douter qu’il va bientôt avoir l’opportunité de sortir des disques.
En effet, Blanc Francart vient d’être embauché chez Pathé Marconi comme Directeur Artistique en charge du catalogue « rock ». Il appelle Bernard pour le convaincre de faire un disque avec lui. Rebaptisé pour l’occasion Chabert avec un seul « b », ils éditent ainsi le premier EP « Sur une plage bordée de cocotiers » (1968) dont la vulgarité tourne rapidement au suicide commercial dans la France bien pensante de l’époque. Un morceau polémiste contre l’avènement de la culture du soleil, du farniente et du bronzage, orchestré notamment par l’explosion du Club Med. Lui qui a grandi sur les plages de Madagascar et s’y est ennuyé toute sa jeunesse, il a bien l’intention que cela se sache !
Lui qui a grandi sur les plages de Madagascar et s’y est ennuyé toute sa jeunesse, il a bien l’intention que cela se sache !
Vont suivre deux autres disques, plutôt réussis eux aussi (le EP Tramway 7B, et le single « Easy Lazie Lizzy ») mais sans davantage de succès.
Au sein de Pathé, Bernard découvre une nouvelle famille. Outre Hubert Rostaing qui réalisera tous ses 45T, Bernard se sent proche d’Isabelle de Funès (La nièce de Louis qui a fait quelques disques excellent de bossa), et Michel Berger alors en pleine période « Puzzle ».
Il écrit tous ses textes ce qui est assez rare pour l’époque. Pour son quatrième et dernier 45 tours, il enregistre alors le détonnant « Helga Selzer ». Le morceau lui est inspiré par Maya, un mannequin vedette à la dérive de chez Chanel qu’il fréquente. Le morceau est enregistré en deux jours. Bernard fait les parties de guitares, et pour les prises de voies, il chante dans un téléphone donnant ainsi au morceau ce rendu final si particulier. Pour la Face B, Hubert Rostaing convie les Variations pour l’accompagner dans une reprise peu inspirée du « Neantherdal man » des Hotlegs…
Comme beaucoup d’artistes de l’époque, Bernard n’aura pas fait de concerts, les opportunités d’avoir un backing band et des engagements étant rares pour les artistes débutants. Il fera quelques passages TV pourtant. Il interprète par exemple “Tramway 7B” à la télévision, le 5 septembre 1969, dans Tous en scène, émission présentée par les Charlots, et participera à diverses émissions avec Jean-Christophe Averty.
Mais la frustration gagne Bernard, lassé par le jeu de la promo, déçu de ne pouvoir faire de concerts. Il cherche une reconversion et veut renouer avec sa carrière de journaliste avortée.
Il commence ainsi une nouvelle carrière chez Europe 1 où il est brièvement chargé de la circulation routière et des grands week-ends de départ en vacances.
En 1970 il devient enfin reporter. En pleine période de la conquête spatiale, le premier « sujet » qui lui est confié par Jean Gorini, directeur de l’information, est la couverture de la fin du programme Apollo à Houston (Apollo 14, 15, 16 et 17), puis Skylab 1, 2 et 3 et ensuite le programme STS (navette spatiale) ainsi que les débuts en URSS des missions astronautiques à participation française. A l’occasion de ses nombreux voyages à Houston où se trouve le centre de formation des astronautes américains, il va découvrir la nuit dans les clubs de la ville une multitude de groupes qui feront sur lui une forte impression. Il y verra ainsi à plusieurs reprises les furieux Moving Sidewalk, formation garage punk culte qui deviendra quelques années plus tard ZZ Top.